Il y a deux sortes de metteurs en scène : ceux qui tiennent compte du public en concenvant puis en réalisant leurs films et ceux qui n’en tiennent pas compte. Pour les premiers, le cinéma est un art du spectacle, pour les seconds, une aventure individuelle. Il n’a pas à préférer ceux-ci ou ceux-là, c’est ainsi. Pour Hitchcock comme pour Renoir, comme d’ailleurs pour presque tous les metteurs en scène américains, un film n’est pas réussi s’il n’a pas de succès, c’est-à-dire s’il ne touche pas le public à qui l’on a constamment pensé depuis le moment où l’on a choisi le sujet jusq’au terme de la réalisation. Alors que Bresson, Tati, Rossellini, Nicholas Ray, tournent les films à leur manière et demandent ensuite au public de vouloir bien entrer « dans leur jeu », Renoir, Clouzot, Hitchcock, Hawks font leus films pour le public, en se posant continuellement des questions afin d’être certains d’eintéresser les futurs spectateurs.
François Truffaut, Les films de ma vie, Paris, 1975, p. 104